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Histoire du net. Auteur: Rêveur solitaire. C'est la vie.... Fin

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Comme dans un beau conte de Noël
Mais là c'est en Février.

Jeanne
Auteur: Rêveur solitaire.
Fin
À quatre heures, arrivé devant son véhicule, il la voit endormie sur la banquette arrière. Elle tient les clés dans sa main. En essayant de les lui prendre, il la réveille. Elle met quelques instants avant de prendre conscience de l’endroit où elle se trouve.
- C’est quatre heures ? J’ai un peu dormi. Vous n’aurez qu’à me laisser dans votre voiture, je ne vous dérangerai pas.
- Non, viens coucher chez moi. Et tu peux me tutoyer comme l’autre fois.
- Oh merci, tu es chic.
En entrant dans l’appartement, il lui a indiqué la chambre d’enfant.
- Tu n’as qu’à te coucher là. Tant pis, c’est fini. Bonne nuit.
Il est ressorti en fermant la porte.
Il a eu de la peine à trouver le sommeil. Quand il a ouvert les yeux, il était midi. En pyjama, il est allé dans la cuisine. Jeanne était là. Cette fois-ci, elle était habillée, s’occupait devant la cuisinière.
- Qu’est-ce que tu fais ?
- Je prépare à manger. J’ai trouvé des pâtes dans le placard, des beefs surgelés.
- Tu as bien fait. Je vais me doucher.
Pierre est surpris de la mine triste de son hôte. Elle ne dit mot, il respecte son silence.
- Pardonne-moi, je viens toujours t’emmerder. Et à chaque fois c’est pour une histoire de cul.
Elle lui raconte ce qui s’est passé depuis leur dernière rencontre. Surtout ce que son beau-frère la forçait à faire. Et sa sœur ne lui a pas laissé le temps de s’expliquer, elle se trouve sans rien.
- Ce matin, je suis allée faire le ménage chez mes patrons comme les autres jours. En sortant je suis passé devant l’école, j’ai vu ma sœur prendre les enfants. Elle n’a pas pu aller travailler. J’aimerais pouvoir lui expliquer ce qu’il en est, car Gérard lui a sûrement présenté sa version des faits, le fait que je n’étais qu’une pute.
- Il te faut reprendre contact avec ta sœur et lui expliquer ce qu’il en est.
- Mais elle ne voudra jamais m’écouter !
- Tu vas y téléphoner et si elle accepte de te voir, nous irons ensemble et je confirmerai tes dires.
Le téléphone a longuement sonné avant qu’on ne décroche. Une voix de femme, faible et tremblante a répondu.
- Josette, c’est moi Jeanne, je voudrais te voir et t’expliquer.
- Laisse-moi, tu ne m’amènes que des ennuis.
- Mais je n’ai plus rien, je ne sais pas où dormir, laisse-moi venir prendre mes affaires.
- Non je ne veux plus te voir.
Pierre entendant ça, prend le téléphone.
- Madame, je suis un ami de Jeanne, celui qui l’a recueilli la dernière fois. Nous allons venir tous les deux pour vous expliquer. Si vous ne voulez pas nous écouter, Jeanne prendra ses vêtements et surtout ses papiers.
- Bon, venez.
Au coup de sonnette, Josette a ouvert immédiatement. Elle avait un visage défait, catastrophé. Jeanne l’a prise dans ses bras et l’a embrassée.
- Excuse-moi, je sais que tu n’y es pour rien, c’est Gérard qui t’obligeait à lui céder, sinon il t’aurait mis dehors. Hier, il a commencé à crier que tu l’obligeais à te baiser. J’ai hurlé plus fort que lui, l’ai menacé d’un couteau. Je devais être effrayante car il a pris sa veste, est parti. J’ai peur qu’il revienne.
- Si tu veux, je reste avec toi et à deux, il ne nous embêtera pas, je peux te l’assurer.
- Monsieur, je vous remercie de la récupérer à chaque fois. Nous étions heureux et j’aurais peut-être dû fermer les yeux.
- Mais moi j’en avais marre et surtout, j’avais peur de lui, peur que tu l’apprennes. Et c’est ce qui est arrivé.
- Je te crois. Et vous monsieur, je vous remercie de toujours être là pour lui porter secours.
- C’est involontaire, à chaque fois c’est le hasard qui l’a mis sur mon chemin.
- D’autant qu’il a une femme et que je pourrais briser son ménage, indique Jeanne.
- Ne parlons plus de ça, je vous laisse tranquille. Si toutefois vous avez besoin de moi, n’hésitez pas à m’appeler.
Pierre est reparti, rassuré. Pourtant la détresse de Jeanne le touche. Mais que peut-il faire ?
Depuis un mois qu’il la reconduite chez sa sœur, il n’a plus de nouvelles. Il espérait qu’elle lui donnerait un coup de fil pour lui dire quelle était leur situation et aussi pour le remercier.
En rentrant de service à midi, il trouve un message sur répondeur.
- Pierre, c’est encore moi, Jeanne. Pourrais-tu m’abriter un jour ou deux, le temps que je trouve un appartement. Rappelle-moi sur mon portable s’il te plaît. Elle lui indique son numéro de téléphone.
Pierre est partagé entre plusieurs sentiments : ne pas la rappeler ou bien lui dire qu’il ne peut pas la prendre en prétextant que sa femme est revenue ? Ou alors la prendre chez lui. Finalement, il opte pour la dernière solution.
Il l’a appelée, deux minutes plus tard elle était là.
- Tu étais en bas que tu attendais ?
- Oui, je ne sais pas où aller, je suis dehors.
- Et ta sœur ?
- Mon beau-frère est revenu. Nous l’avons chassé en criant bien fort. Mais il était là tous les jours, nous menaçant. Le logement est à son nom, ma sœur a eu peur. Mes parents prévenus, lui ont dit de revenir chez eux. Elle a tenté de plaider ma cause, mais mon père a été intraitable. Ce qui fait que je suis dehors, ou bien je retourne avec Gérard, il me l’a proposé. Mais je le déteste et en plus j’ai peur de lui.
- Bien, tu peux rester ici quelques jours. Mais je ne peux pas te garder en permanence.
- Oui, je comprends. Tu as ta femme et ton gosse.
Il l’a installée dans la chambre du gosse. Elle a rangé ses vêtements, est revenue dans la cuisine. Il finissait de préparer le repas, il y en avait pour deux.
Ils ont mangé puis il est allé faire une sieste, s’étant levé à trois heures.
Le sommeil a été long à venir. Qu’allez-t-il faire ? « Je ne peux pas la garder, mais d’un autre côté c’est agréable d’avoir une présence ». Quand il s’est réveillé, il était six heures, il avait dormi deux heures de plus qu’à l’ordinaire.
Quand il est entré dans la cuisine, Jeanne préparait le repas. Au lieu du désordre habituel, tout était net, la maison brillait.
- Merci d’avoir mis tout nettoyé, d’ordinaire, je fais ça les jours de repos.
- Je t’en prie, c’est moi qui te remercie. Demain matin, j’irai faire le ménage chez mes patrons puis je viendrai te préparer le déjeuner. Laisse-moi te rendre un peu tout ce que tu fais pour moi.
Ils ont mangé, il est allé rapidement se coucher.
Le lendemain, à midi, quand il est entré, une bonne odeur annonçait un repas tel qu’il n’en avait pas pris depuis longtemps.
La vie s’est organisée ainsi. Il y a une semaine qu’elle est là. Elle est gênée d’être à sa charge, elle n’arrive pas à trouver un studio. Mais pour lui, il s’aperçoit que sa présence n’est pas une contrainte, au contraire. D’autant qu’elle est très discrète, travailleuse. Son linge est lavé et repassé, la maison entretenue, C’est la femme de ménage idéale. Il ne la paie pas, naturellement, mais il s’est même aperçu en ouvrant le frigo qu’elle était allée faire des courses.
- Garde ton argent pour quand tu seras seule, tu en auras besoin
- Je ne veux pas que tu me loges et nourrisses gratuitement. Je ne peux que participer aux dépenses de la maison.
- Tu assures tout l’entretien, la cuisine, tout dans la maison, comme une femme de ménage. Je t’ai invitée, tu ne me dois rien.
- Je languis de partir, non que je ne sois pas bien ici, mais ta femme et ton gosse risquent de revenir et cela te poserait un gros problème.
Pierre est de repos pour deux jours. Il va tâcher de régler le problème à sa façon. Jeanne un jour, a téléphoné à sa sœur. Elle a laissé le numéro de ses parents sur un morceau de papier. Pendant qu’elle était chez ses patrons, il les a appelés. C’est la mère qui a répondu.
- Madame, vous ne me connaissez pas, je suis Pierre, la personne qui a accueilli Jeanne.
- Je vous remercie, Josette m’a raconté comment vous l’avez dépannée.
- Mais, elle ne peut rester indéfiniment chez moi.
- Oui, Josette m’a expliqué que vous étiez marié et avez un enfant. Malheureusement, mon mari ne veut absolument pas qu’elle revienne ici.
- Je voudrai tenter de le convaincre, quand est-ce que je pourrais le rencontrer.
- Il rentre pour manger, mais il ne voudra pas vous écouter.
- Je viendrai quand même vers une heure.
Après le repas avec Jeanne, il lui a dit qu’il avait une course à faire. Il arrive à la porte de la villa, sonne. C’est Josette qui vient lui ouvrir, sa mère l’a mise au courant. Elle va dire à son père qu’un monsieur veut le voir. Il reçoit son visiteur dans la salle de séjour, les femmes restent dans la cuisine.
- Monsieur, je viens vous parler d’une chose qui risque de vous mettre en colère, mais je vous en prie écoutez-moi, laissez-moi parler.
- Si c’est au sujet de ma pute de fille, vous pouvez partir.
- Monsieur, je l’ai accueillie car elle était à la rue.
- C’est bien fait pour elle, elle n’a qu’à faire le trottoir, ou bien payez-vous en nature, si ce n’est déjà fait.
- Monsieur, je n’ai pas touché votre fille. Depuis son départ de chez vous, elle a énormément changé, elle est aimerait revenir chez vous, elle ne vous poserait plus de problème.
- Écoutez, si c’est une question d’argent, je suis prêt à vous rembourser.
- Monsieur, je travaille et gagne assez bien ma vie, je n’ai pas besoin d’argent. Et je suis prêt à l’abriter gratuitement. Mais ce dont elle a besoin, c’est d’amour. Et moi, j’ai une épouse et un fils. Si je la mets dehors, elle va se prostituer pour survivre. C’est ce que vous voulez ?
- Écoutez, il me faut aller travailler, je n’ai pas le temps.
- Mais acceptez de la rencontrer, parlez avec elle, vous la renverrez après si vous voulez.
- Ma femme m’a expliqué tout ce que vous aviez fait pour elle. Pour vous remercier, j’accepte, venez ce soir à sept heures.
Pierre est rentré, satisfait du résultat obtenu. Avec Jeanne, ils ont parlé de choses et d’autres. Il lui a demandé à un moment si elle n’aimerait pas rentrer chez ses parents.
- Oh si, lui a-t-elle dit, mais mon père ne me voudra jamais.
Le soir, il l’a invitée à aller faire un tour puisqu’il était de repos. Quand elle a vu qu’ils approchaient de la maison de ses parents, elle a voulu fuir.
- J’ai vu ton père à midi. Il est possible qu’il ne veuille pas t’accueillir. Mais il accepte tout de même de te rencontrer. Tu lui diras tout ce que tu voudras, je vous laisserai tous les deux.
En entrant dans la maison, elle est allée embrasser sa mère et sa sœur. Puis, elle est entrée dans la salle à manger.
Pierre avait peur qu’elle ne ressorte rapidement, ce qui aurait signifié que toute discussion était impossible. Mais le temps passait. Sa mère et sa sœur s’inquiétaient, mais Pierre les a rassurées.
Elle est ressortie au bout d’une heure, a embrassé sa mère et sa sœur, puis a demandé à Pierre de partir.
Dans la voiture, elle s’est assise, silencieuse. Arrivée à la maison, elle est allée se recroqueviller dans un fauteuil de la salle de séjour. Pierre s’est installé en face d’elle, mais sans dire un mot. Jeanne pleurait silencieusement. Il lui a tendu un mouchoir.
- Pierre, je ne te remercierai jamais assez de me garder chez toi. Mais je te suis encore plus reconnaissant d’avoir organisé cette rencontre avec mon père. Il ne me veut toujours pas dans la maison, mais accepte tout de même de me parler.
- C’est un premier pas, vous vous reverrez et petit à petit, ça s’améliorera.
- J’espère que tu as raison. Mais il me faut partir car ta femme risque de revenir et tu aurais beaucoup de difficultés à lui expliquer la situation.
Pierre est resté silencieux. Lui aussi avait des larmes au coin de l’œil.
- Demain après midi, nous irons voir ma femme et mon fils. Nous arrangerons la situation.
- Mais je ne veux pas…
- Nous irons ! Coupe-t-il d’un ton cassant.
Ils se sont retirés dans leurs chambres. Tous deux se sont endormis tard.
Le lendemain, Pierre s’est absenté tout le matin. Après manger, Jeanne a mis une jolie robe discrète, ne voulant pas choquer ceux qu’elle allait voir.
- Ils sont là tous les deux, ensemble. Jamais je ne pourrai les oublier.
Ils sont devant une tombe, fraîchement fleurie. Sur la stèle la photo d’une mère tenant son fils dans les bras.
Quand Pierre s’est arrêté devant le cimetière d’un village, Jeanne a soudain compris. Et maintenant, accrochée au bras de Pierre, elle sanglote comme s’il s’agissait de parents proches qu’elle avait connus.
Ils sont rentrés sans dire un mot. Toute la soirée, ils sont restés sans parler. Au moment d’aller se coucher, elle l’a embrassé tendrement sur les joues, il l’a serrée dans ses bras. Puis ils se sont séparés.
Pierre a repris une période de nuit. Ils ne se voient pas beaucoup, Jeanne fait tout ce qu’elle peut pour atténuer sa peine. Un après-midi, pendant qu’il faisait la sieste, le téléphone a sonné. Elle a répondu afin qu’il puisse reposer. Surprise, c’était sa mère.
- Si Pierre est libre, nous aimerions que vous veniez manger à la maison dimanche.
- Oh, maman, c’est merveilleux, mais il est en pleine période de nuit, je ne pense pas que ce soit possible, mais je le lui demanderai.
Quand il s’est réveillé, elle lui a dit l’invitation qu’elle avait reçue. Il n’a pas répondu, elle est allée préparer le repas. Le téléphone a sonné. C’est Pierre qui a répondu.
- Monsieur Pierre, c’est le père de Jeanne. Je serai heureux si vous pouviez venir manger, je préfère que vous soyez présent quand nous nous retrouverons en famille.
- Je finis mon service à quatre heures du matin, je reprends le soir à vingt heures. Mais nous viendrons.
- Je vous remercie.
Le dimanche, ils sont partis vers midi, Pierre s’étant fait réveiller un peu plus tôt. À leur arrivée, c’est Josette, un grand sourire aux lèvres, qui est venue ouvrir, embrassant sa sœur et Pierre par la même occasion. Le papa les attendait dans la salle de séjour. Il a serré la main de Pierre, mais ne savait pas comment accueillir sa fille. Pierre s’est retiré, les laissant tous les deux face à face.
La maman dans la cuisine, très heureuse a demandé à Pierre l’autorisation de l’embrasser.
Quelques instants plus tard, ils sont ressortis. Le père, d’un ton bougon, leur a ordonné de mettre la table. Puis prenant Pierre par le bras, il l’a entraîné dans le jardin. Ils sont revenus un quart d’heure plus tard. Les femmes attendaient avec impatience et curiosité leur retour. Leurs visages n’exprimaient aucun sentiment.
Au cours du repas, le père a dit qu’il acceptait que Jeanne rentre. Mais ceci seulement parce que Pierre étant marié, espérait que son épouse revienne. Jeanne a regardé Pierre, l’interrogeant du regard. D’un signe de tête, il a acquiescé.
- Pierre m’a donné une grande marque de confiance. Il m’a amené voir sa femme et son fils. Ils sont au cimetière de C… tués dans un accident de voiture, à cause d’un chauffard. De plus ils allaient avoir une petite fille qui devait naître deux mois plus tard.
Un grand silence a suivi cette explication.
- Cela s’est passé il y a plus d’un an et j’étais inconsolable. Jeanne m’a dérangé dans mon deuil, je ne voulais pas qu’elle reste chez moi. Mais devant sa détresse, j’ai cédé. Je ne voulais plus toucher à la chambre qui devait être celle de mes enfants. Finalement, je la lui ai donnée, je n’ai pas voulu que nous dormions ensemble. Mais maintenant, elle m’a fait reprendre goût à la vie. Je suis heureux que vous l’accueilliez à nouveau, mais, si un jour elle veut revenir, la chambre sera toujours prête.
Jeanne regardait Pierre, son père et sa mère. Elle ne savait pas ce qui la touchait le plus, le fait de pouvoir rentrer à la maison ou l’invitation de Pierre. Elle avait pris goût à la vie à ses côtés, et aurait aimé rester chez lui. Mais le pardon de son père était aussi quelque chose de merveilleux.
En fin d’après-midi, seul, Pierre est rentré afin de pouvoir se préparer pour prendre son service. Il a tenté de se reposer un peu dans le fauteuil. Mais il s’est aperçu qu’il lui manquait une présence.
Depuis trois semaines, Jeanne n’a donné aucun signe de vie. Pierre en est vexé. « Après tout ce que j’ai fait pour elle, elle pourrait au moins me dire merci », tente-t-il de se convaincre. Mais surtout c’est sa présence qui lui manque. Il a fait son deuil et reprend goût à la vie. Et ceci, il le lui doit. Un samedi après-midi, il était de repos, le téléphone a sonné. Il s’est dépêché de répondre, espérant entendre la voix de Jeanne.
- Monsieur Pierre ? Je suis le père de Jeanne. Il faudrait que nous nous voyions.
- Si vous y tenez, d’accord. Mais fixons une date car j’ai des horaires décalés.
- Êtes-vous libre aujourd’hui ?
- Oui, venez quand vous voulez.
- Je serai chez vous dans une heure.
Cette demande a surpris Pierre. Que pouvait bien lui vouloir cet homme.
Quand on a sonné, il est allé ouvrir rapidement. C’était bien lui. Mais il avait perdu son air arrogant et intraitable, il semblait malheureux.
- Monsieur, je viens vous voir parce que nous avons des problèmes avec Jeanne.
- Elle vous a quitté ? En tout cas, elle n’est pas venue chez moi.
- Non, au contraire, elle est chez nous, accomplit un travail formidable, s’occupe de ses neveux, a trouvé d’autres heures de ménage, nous paie une pension malgré nos protestations. Mais elle ne parle même plus. Nous ne la reconnaissons pas.
- Alors, tout est parfait pour vous, ses mésaventures lui ont servi de leçon.
- Oui, mais elle est fermée, triste même. Nous nous occupons beaucoup d’elle, même moi je fais un effort, ce qui n’est pas dans mes habitudes. Nous aimerions que vous veniez afin d’essayer de remédier à cette prostration, je crois qu’elle était heureuse chez vous.
- Mais monsieur, je ne suis pas psy. Je ne vois pas ce que je pourrais lui dire, nous ne parlions pas beaucoup quand elle était ici.
- Je vous en prie, si vous êtes libre, venez manger demain midi.
- Si cela peut vous faire plaisir.
- Oh, merci !
Et l’homme est reparti.
Pierre se pose des questions. Il comprend mieux pourquoi elle ne l’a pas appelé. Cette visite, cette invitation l’ont surpris et même dérangé. Mais par ailleurs, ce sera l’occasion de voir Jeanne et cela le remplit de joie.
Le lendemain, il est arrivé devant le portail. Josette est venue en courant, un doigt sur les lèvres. Elle l’a embrassé.
- Ne faites pas de bruit, Jeanne n’est pas au courant de votre visite. Nous avons voulu lui en faire la surprise. Elle est dans sa chambre, nous l’appellerons au moment de manger.
Toute la famille l’attendait, le père lui serrant chaleureusement la main, la mère l’embrassant. Ils se sont installés à table. Les neveux sont allés chercher Jeanne.
Quand elle est entré dans la pièce, a vu Pierre, elle a pâli, s’accrochant à une chaise. Il s’est levé, l’a embrassée.
- Nous avons invité Pierre, je ne sais pas si tu le savais, lui dit son père.
Les larmes pointaient à se yeux, elle ne bougeait pas.
- Il y a longtemps que j’attendais de tes nouvelles, mais il n’y a que quand tu as besoin de moi que tu viens me voir.
- Oh non, ne crois pas ça, je ne voulais pas te déranger. Je t’ai tellement embêté !
- Excusez-nous, mangez, nous revenons, dit Pierre.
Il a pris Jeanne par le bras, puis comme elle ne bougeait pas, par la taille.
Le repas complet s’est déroulé sans eux. Seuls les enfants se sont étonnés de leur absence. Ils se sont présentés au moment du café. La maman a voulu aller leur chercher leur repas, ils ont refusé.
- Mes amis, je crois que Jeanne a besoin de respirer. Je l’emmène au grand air, dit Pierre.
Et ils sont partis.
Ce départ impromptu de leur fille, au lieu d’inquiéter les parents, a amené chez eux un grand sourire. Le soir, le téléphone a sonné : Jeanne prévenait qu’elle ne rentrait pas. Elle n’indiquait pas le lieu d’où elle appelait et ne parlait pas de la date de son retour.
Pierre n’a pas voulu qu’elle occupe la chambre des enfants. Elle pouvait peut-être encore servir. Alors, il l’a prise dans son lit.

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